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 Source : Tout Toulouse (21/11/2001)    Source : La Depeche (22/11/2001)
[Articles du 21/11/2001] - [ Periode : 11-2001 (256 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 21/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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AZF, l'avent et l'après


Photo © Tout Toulouse Le 21 septembre, tout a changé. La ville, bien sûr. Mais aussi ceux qui font société dans la ville, les gens, anonymes, soucieux du collectif, convaincus qu'il n'y a pas de fatalité.

C 'est presque une lapalissade de dire qu'il y a un avant et un après AZF. Tout a changé, ce maudit 21 septembre. La ville bien sur. La société surtout. Autrement dit les femmes et les hommes. Face à la tragique adversité, dans le déferlement de l'urgence et des casse-têtes, beaucoup ont révélé une face de l'humanité qu'on souhaiterait fréquenter plus souvent. Pas celle des héros solitaires et singuliers que la littérature ou le cinéma magnifie et que notre imaginaire embellit. Non. Celle d'êtres sociaux, soucieux du collectif, sortant soudain de l'ordinaire parce que des circonstances exceptionnelles les ont poussés à prendre leur responsabilité, à s'affirmer solidaires dans une société qui l'est de moins en moins.

Ces hommes et ces femmes se sont pris en main en même temps qu'ils prenaient leur part de responsabilité civique. Ils ont décidé de ne plus subir quelque destin que ce soit - c'est à dire, souvent, la loi imposée par les autres -, mais de le forger. Nous n'avons pas qualité pour dresser ici un tableau des femmes et des hommes d'honneur. Nous constatons seulement, parce que nous en avons vu quelques uns à l'oeuvre, que la catastrophe a été un formida ble révélateur d'un certain nombre d'individus. On compte parmi eux des personnalités connues, des politiques et des militants de longue date, déjà engagés dans la responsabilité, mais aussi des inconnus, une foule d'anonyme qui, chacun à leur poste, dans l'administration ou au sein des réseaux associatifs, a secoué le cocotier. Qu'importe qu'ils soient de droite ou de gauche, écolos ou férus de progrès, catalogués ou pas. Tous ont en commun de dire, avec notre ami Ben : " Il n'y a pas de fatalité ". Et c'est bien ça qui compte. L'avant AZF, il faudra quand même y revenir. Pour établir les responsabilités évidemment : celle des industriels qui n'ont jamais envisagé la dangerosité de leurs productions et qui, peut-être, ont commis de criminelles négligences dans les contrôles de sécurité ; celle des élus qui ont laissé faire, laissé agir, laissé construire, et qui se sont obstinément bouché les oreilles pour éviter d'entendre les Cassandre verts ; celle de l'Etat et de ses services qui, eux aussi, ont fait preuve d'une remarquable insouciance ; celle des medias qui n'ont pas sonné le tocsin ; celle de toute une société complice de son mode de développement que l'industrie chimique, ses engrais et ses gaz, symbolisent.

L'après AZF, une fois les fautes du passé clairement assumées par tous, c'est d'abord une rupture. Rupture avec une logique éco nomiste qui réduit la société à un pourcentage de croissance, rupture avec le discours dominant qui privilégie la production sur le cadre de vie, rupture avec l'habitude de faire passer le quantitatif au détriment du qualitatif. Rupture culturelle donc. Il y a bien sûr l'emploi - et c'est bien lui qui obsédait les élus quand ils votaient sans état d'âme l'augmentation des capacités de production d'AZF. Mais l'emploi peut se recréer ailleurs ou autrement. Il ne saurait en tout cas menacer la vie. A quoi bon perdre sa vie à la gagner ? L'après AZF pose une question de société essentielle : dans quelle ville voulons-nous vivre ? C'est elle qui sera sous-jacente aux débats qui se tiendront la semaine prochaine sur les industries à risque et l'avenir du pôle chimique à Toulouse. A travers ces débats, au delà de l'alternative posée - risque zéro par éloignement du risque ou risque assumé par maîtrise maximum du risque - Toulouse se voit offrir une chance de repenser la ville où les statisticiens de l'Insee nous promettent 1,5 millions d'habitants dans une génération. Repenser ses activités et sa façon de vivre ensemble pour entrer dans une nouvelle ère.

Jean-Paul Besset


 Source : Tout Toulouse (21/11/2001)    Source : La Depeche (22/11/2001)

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